
RAH Inventerre :
Toute une philosophie d'entreprise
Rénovation et Amélioraion de l'Habitat: RAH Inventerre est une entreprise du bâtiment qui œuvre pour la construction et la rénovation écologique depuis 1987. D'abord sous la forme d'une association puis celle d'une Scop dont le fonctionnement repose sur les principes suivants:
• salaire horaire égal pour tou-te-s, quelles que soient les compétences ou l'ancienneté;
• mixité générationnelle et genrée des emplois sur chantier;
• polyvalence administrative et productive des postes;
• décisions collectives pour toutes les questions techniques ou économiques;
• durée de travail choisie par les salarié-e-s
• information technique, juridique et économique accessible à tou-te-s.
L'association avait l'avantage de n'avoir pas de capital en dehors de la culture de ses salarié-e-s et de ses administrateur-trice-s. Donc, aucune rente à verser, aucun ordre à recevoir de l'extérieur, et surtout un contrat moral d'association entre les salarié-e-s qui
a toujours incité à se confronter aux problèmes plutôt qu'à les contourner par des déplacements de responsabilisations.


Il fut un temps, la décennie 1970, où ce fonctionnement avait un nom : l'autogestion.
Devenue une Scop au chiffre d'affaire annuel voisin de 300 000 euros hors taxe, RAH-Inventerre a conservé sa culture d'entreprise. Les 8 salarié-e-s, 5 hommes et 3 femmes, sont tou-te-s associé-es. Les durées de travail sont comprises entre 1000 et 1400 heures annuelles en général pour chaque salarié-e-s. Notre salaire horaire, commun à tou-te-s les salarié-e-s, oscille depuis une dizaine d'années autour de 25% de plus que le smic. Il n'y a pas de poste dédié à l'administratif. Chacun-e a une part des tâches administratives collectives incluses dans son poste de chantier. Notre marge brute est également un peu supérieure à 80%, parce que d'une part nous avons une activité assez importante en rénovation, et d'autre part nous privilégions la mise en œuvre de matériaux premiers peu transformés (terre, paille, bois), donc très bon marché à l'achat et fortement consommateurs de travail humain, ce qui entraîne une valeur ajoutée importante.
Le préambule des statuts de la Scop RAH Inventerre
La SCOP RAH Inventerre avant de naître a déjà une histoire ancienne de 15 ans, portée par l’association loi 1901 R.A.H. Inventerre. Entre 1984 et 1987, des femmes et des hommes constatant l’absence de réponse pragmatique à la problématique environnementale dans le bâtiment ont forgé ensemble un outil juridique et social de recherche, de réalisation et de réflexion sur les questions liées à l’impact du bâti.
L’association a comme projet depuis 1987 à la fois :
*la production d’abris construits à faible impact sur la santé des usagers et sur l’environnement,
*la production dans le respect des rythmes de vie et de la santé des ouvrières et des ouvriers constructeurs de ces ouvrages.
*le recueil et le maintien en activité de pratiques constructives tombées en désuétude depuis l’avènement de la monoculture industrielle.
Progressivement en 15ans, l’association a favorisé la terre, le bois, la terre cuite, ou la pierre, si possible en réutilisant les matériaux présents sur chantier et a promu la référence aux architectures locales. Utiliser des matériaux premiers et respectueux de la santé des habitants, se situer dans une histoire, comprendre les règles de l’art en place, ou limiter les déchets, ont été quelques uns des préceptes qui ont guidé l’action des salariés de l’association.
En parallèle, l’association se penche sur la conciliation des exigences économiques de la production avec les rythmes de vie des travailleur-ses. Elle en a tiré des enseignements dont les suivants sont quelques uns des plus vivants :
>Avant d’être un agent économique, le-la salarié-e- est un être humain. Si le travail est porteur de nombreuses contraintes, rien ne justifie leur application violente par un agent extérieur à l’intelligence de la personne qui va les subir.
>Nul ne sachant où repose la vérité, il est acquis que seules les personnes coopérant sur un chantier peuvent savoir ce qu’il convient de faire en terme de quantité ou de rythme de travail. La constatation première reste que nous n’avons sur cette planète qu’une chose à échanger, notre temps individuel. En conséquence, tous les postes nécessaires à l’exécution d’un ouvrage étant pourvus, et seulement ceux-là, toutes les heures de toutes les personnes sont rémunérées au même salaire, sans aucune différence y compris celles habituellement dues à l’âge, à l’ancienneté, à la qualification, à la rapidité ou au mérite, pas plus qu’à l’honorabilité ou à la pénibilité des tâches.
>Les savoir faire traditionnels et leur appropriation par les salariés, l’expression plastique ainsi que la conscience des tenants et des aboutissants des procédés employés sont devenus des traits reconnus des productions de l’association
>L’idéal voudrait que le montant du salaire horaire dans l’association soit le montant du salaire horaire moyen national, généralement situé au double du SMIC. Malheureusement, la pression marchande sur les métiers du bâtiment n’autorise pas de telles rémunérations pour tous les acteurs de la construction.
Pendant 15 ans l’association a recueilli des informations auprès de vieilles personnes, a analysé des bâtis âgés, a expérimenté des savoirs faire, a lu des documents anciens, a diffusé ce qu’elle a pu apprendre, comprendre ou retenir des modes de construction “ oubliés ”, enrichissant ainsi sa panoplie de techniques et de procédés et les mettant en œuvre dès que c’était possible. L’association s’est donnée comme mission de maintenir un passage ouvert de transmission de savoir entre la culture préindustrielle locale et le 21ème siècle.
En 1984, la forme juridique choisie a été l’association loi 1901, parce qu’elle était la seule à ne comporter ni capital, ni logique de profit. En 2021, c'est encore la seule forme juridique harmonieuse avec les principes d’une économie faiblement marchande. Toutefois, l’importance grandissante des chantiers dans le bilan annuel de l’association RAH Inventerre, ainsi que la pression croissante de l’environnement réglementaire ou des assurances amènent à créer une nouvelle entité juridique, reportant le poids de la responsabilité des chantiers sur les salarié-e-s et non plus sur les membres d’un conseil d’administration extérieur aux chantiers.
C’est pourquoi en 2002, nous fondons une Société Coopérative Ouvrière de Production. C’est, bien que situé dans le champ économique du profit, le statut légal le moins éloigné de notre culture.